Le voile du crépuscule est en train de tomber sur le continent américain. Cela fait maintenant plus d'un mois que j'ai fuis le combat contre les Avengers à New-York. Ce que je nomme combat illustrerait plutôt une défaite cuisante. En grande partie à cause de ces Chitoris, qui ne m'ont finalement été d'aucune utilité. J'aurai dû me douter de leur faiblesse, ayant déjà été incapable d'obtenir le Tesseract sans mes instructions ni même mon aide. Comment ai-je pu croire une seule seconde qu'ils étaient capable de me seconder pour envahir la Terre ? A croire que je ne suis peut-être pas encore prêt, ni suffisamment fort pour cela. Non ! Il ne faut pas que je commence à sombrer. Et pourtant... j'ai honte, tellement honte. Humilié et sali par cette défaite que je n'arrive décidément pas à digérer même si cela fait plus d'un mois. Je ne cesse de revoir le visage de ses faibles mortels, tous autant qu'ils sont, fier de leur "victoire". Ils ont peut-être réussi à récupérer le Cube Cosmique ainsi que mon sceptre, mais je n'ai pas encore dis mon dernier mot. Après tout, je suis un Dieu. Ils sont et resteront inférieurs à moi. Je suis le fils de Laufey, et Roi d'Asgard. Tout du moins, selon moi. Quoi qu'il en soit, je n'ai pas le droit à l'abandon. Même si je dois me faire définitivement à l'idée d'avoir mon frère dans mes pattes et de faire en sorte qu'il ne bloque plus aucun passage. Hors cela risque d'être difficile. D'autant plus que je n'ai plus d'arme. J'ai encore mes pouvoirs et mon cerveau, mais il y a autre chose qui pose également problème. Je me sens... seul. Sans aucun soutien. Je ne pensais pas l'avouer un jour, mais la solitude ne me plais pas tant que ça finalement. Surtout quand je repense à elle : Sigyn. Selon les dires de Thor, tout le monde me croit mort sur Asgard. Peut-être qu'elle aussi, raison pour laquelle elle n'a certainement pas tenté de me rejoindre sur Terre. Ou alors est-ce pour une autre raison ? Dans tous les cas, je me dois de la retrouver. J'ai besoin d'elle, de sa présence, de son soutien et surtout... de la retrouver. Durant ce mois de cavale infernal, on peut dire que j'ai eu l'occasion de faire un peu de tourisme dans les alentours. Même si ce n'est vraiment pas ma priorité ni même ma grande passion. Mais j'ai également eu le temps de songer à un nouveau plan, aux erreurs que j'ai pu faire il y a un moins et qui m'ont mené à cette défaite et que je ne dois surtout pas refaire. Car si cette fois j'ai eu la chance de m'échapper, il n'en sera peut-être pas toujours ainsi. Mes pouvoirs m'ont ainsi permis de me camoufler parmi les mortels, de me vêtir comme eux et de passer inaperçu. Jusqu'à aujourd'hui, cela a plutôt bien fonctionné. Seulement il est très difficile pour moi de vivre, de respirer parmi tous ses êtres qui m'inspirent le dégoût. Je reste tout de même sur mes gardes, sachant que le SHIELD et que ces Avengers ne me lâcheront pas tant qu'ils ne m'auront pas retrouvé. Raisons pour laquelle je n'ai pas trop tardé à méditer sur ma vengeance. Il ne fallait vraiment pas que je tarde à rester seul, sans alliés et surtout sans armes.

La nuit est enfin là. Assis au sommet d'une falaise, le menton baissé, je fini enfin par décroiser mes jambes pour me dresser sur ces dernières. Bien droit juste au bord de cette gigantesque crevasse, je regarde un instant le vide devant mes pieds sans aucune crainte. Puis je lève mes yeux au ciel. C'est ce soir, où je vais tenter de me rendre sur Asgard. Je pourrai presque ressentir la force d'Heimdall de là où je suis, hors il est dans l'incapacité de me voir ni même de lire dans mes pensées. J'inspire profondément, fixant les étoiles juste au dessus de ma tête et enfin, je me concentre. Je ferme les yeux et entame ma téléportation jusque Asgard. J'y suis à nouveau... enfin. Un sentiment étrange me parcours, je ne suis plus entré dans ce château depuis que tout s'est écroulé à cause de Thor. Je me trouve non loin du palais. J'avoue ne pas être très rassuré à l'idée d'être ici, mais je ne reculerai pas. Plus maintenant, je n'ai plus de temps à perdre. Je m'avance jusqu'au palais, d'un pas léger et sur de moi. Je dois retrouver Sigyn au plus vite et espérer qu'elle accepte de m'accompagner sur Terre. Je reconnais chaque endroit et recoin comme ma poche. Des tas de souvenirs me reviennent en tête, ce qui a plutôt tendance à me déconcentrer ou à me faire perdre un peu de mon assurance. Hors je prend sur moi et continue d'avancer. Une fois à l'intérieur du château, je continue d'avancer avec méfiance, prêt à attaquer au moindre garde. Je sens la présence d'Odin. Et quelque chose me dis qu'il est au courant de ma présence. Le palais semble endormi, je me souviens de l'endroit où se situe la chambre de ma déesse. Mes pas raisonnent dans le couloir. J'entends des voix provenant de l'autre côté. J'accélère le pas, j'y suis presque. J'entre à pas de chat dans la chambre de Sigyn, refermant la porte en douceur. Un calme désarmant occupe la pièce. Je traverse la suite d'un pas fantomatique et me rapproche du lit. Personne. Mes sourcils se froncent et je balaye la pièce d'un œil quelque peu inquiet. Si je prend le risque de partir à sa recherche en fouillant tout le palais, j'ai beaucoup de chance de me faire repérer. Je réfléchis, réfléchis encore, quand soudain la porte de la chambre s'ouvre. Raide comme un cadavre, mon cœur manque un battement, je me fige et me retourne lentement. « Sigyn...» Mon regard reste comme pétrifié avec le sien. Je l'ai retrouvé, enfin. Elle semble sous le choc. Toute vêtue de noir, j'ai un peu de mal à l'admirer dans cette obscurité. Je m'avance, doucement, ne voulant pas l'effrayer. La joie m'envahis, comme elle ne m'avait plus envahis depuis un bon moment. Sachant que cette nuit, le temps ne m'est pas illimité, je me dois de mettre mon émotivité de côté comme je sais plutôt bien le faire d'habitude. Je prend tout de même le temps de la serrer dans mes bras, comme pour lui prouver également qu'elle ne rêve pas, que mon cœur glacé bat encore. Je m'écarte légèrement d'elle, de sorte à noyer une nouvelle fois mon regard dans le sien, positionnant mes mains de chaque côté de ses bras. « Je suis venu te chercher dans l'espoir que tu acceptes de te joindre à mes côtés sur Terre.. »

Ce fut comme si le temps c'était figé durant cette longue période d'absence, ici, a Asgard. Rien à changé et fort heureusement ma femme non plus. Là, devant elle, j'ai encore beaucoup de mal à réaliser que je viens de la retrouver. Seulement, l'heure n'est pas encore à la tendresse. J'espère avant tout la persuader de la prendre avec moi sur Terre, me rendant définitivement compte que je ne peux pas me passer de sa présence et de son amour. Quelque chose a tout de même changé chez elle. Elle qui est d'habitude si joviale, si rayonnante, semble aujourd'hui tellement... triste. Je m'en veux d'avoir disparu, ne me doutant pas un seul instant que j'aurai pu un jour tenir tant à une personne. Même si je sais qu'elle m'aime, c'est bien la première fois que quelqu'un semble aussi attristé de me perdre. J'ignore même si Thor, Mère ou Odin ont pleuré pour moi. Quoi qu'il en soit, je dois tirer un trait définitif sur eux, sur Asgard, sur mon passé et partir pour construire autre chose. Tout en espérant que ce Dieu de la Foudre ne vienne plus se mêler de mes affaires. Comme il fallait s'y attendre, Sigyn semble tout aussi chamboulé que moi de me retrouver. Je la regarde préparer quelques affaires, fronçant légèrement les sourcils. Sans même savoir que j'allais venir la chercher, serait-elle quand même partie à ma recherche ? Décidément, je l'ai beaucoup trop sous estimé. C'est alors qu'elle me tend un objet particulier, plus exactement une lance qui ne m'est pas inconnu mais dont je n'ai encore jamais eu la chance de tenir en main. Une nouvelle fois surpris, je plonge un instant mon regard dans celui de ma femme avant de tenir la lance entre mes mains, serrant mes phalanges tout autour du manche. Je ferme les yeux lors d'un instant. Un frisson parcours alors mon corps tout entier, ressentant le pouvoir émanant de cet objet. J'ouvre à nouveau les yeux, échangeant un regard des plus complices avec ma déesse et lui faisant comprendre ainsi toute ma gratitude sans avoir besoin de faire usage du moindre mot. Cette lance m'a l'air puissante, suffisamment pour m'être d'une grande aide et pour ainsi avoir un meilleur usage de mes pouvoirs. Il semblerait donc qu'elle ne soit pas contre l'idée de venir à mes côtés sur Terre.

« Nous ferions mieux de partir... »

Quelqu'un frappe à la porte, ma gorge se serre lors d'un instant. Il ne faudrait surtout que ce soit Thor ou pire encore, mon soit disant Père. J'attrape alors Sigyn par la main et l'emmène dans un coin de la pièce, puis à l'aide de mes pouvoirs d'illusionniste je nous fais passer pour invisible aux yeux d'un simple garde qui n'ose finalement pas fouiller plus longtemps la chambre d'une "veuve" qui a fait comprendre à tout le royaume qu'elle veut qu'on lui fiche la paix. Je laisse Sigyn récupérer son sac sur le lit, tandis que j'ouvre la porte en douceur et regarde le garde partir dans un autre couloir. Je fais signe à ma chère et tendre de me suivre. Heureusement, je n'ai jamais eu besoin de lui expliquer les choses pour qu'elle comprenne, tout se fait si naturellement entre nous. Je décide de prendre la direction de la cours principale du palais, l'endroit parfait pour me concentrer et nous téléporter sur Terre, devant faire usage de beaucoup de concentration même si cela semble être à première vue un jeu d'enfant pour moi. Soudain, il me semble reconnaître une voix plus que familière dans ma tête. Une voix murmurant mon nom, une fois, puis deux... je m'arrête un instant, les traits de mon visage se crispant un instant tandis que je sers les dents et marmonne d'une voix à peine audible :

« Père... »

Ma voix transpire encore de colère et de tristesse à son égard. Mes doigts agrippent le manche de la lance de plus en plus fort tandis que je sers le poing de mon autre main. Il sait que je suis ici. C'est alors que je ressens une présence juste devant moi. Le garde de tout à l'heure. Afin d'éviter de lui laisser le temps d'émettre le moindre bruit, je lui lance un pique de glace dans la gorge avant d'attraper une nouvelle fois ma femme par la main pour l'entraîner jusque dans cette majestueuse et mythique cours. C'est le cœur serré que je prend le temps d'observer chaque parcelle du palais, tous ces endroits où j'ai pu jouer, me faire embêter, m'isoler... comme si je n'allais plus jamais revenir, ce qui est pour moi le cas. Je prend le temps de regarder ma femme, afin de m'assurer de son état d'esprit.

« Tu es certaine de vouloir me suivre ? »